Comprendre les douleurs non ressenties et la puissance des histoires
La réalité objective : ce qui existe indépendamment de nous
Définition et exemples
La réalité objective repose sur des faits mesurables, indépendants de toute perception. Par exemple, l’eau bout à 100°C à pression normale, et une fracture osseuse peut être identifiée via des radiographies.
Douleurs non ressenties dans ce cadre
Pour la réalité objective, une douleur non ressentie peut sembler contradictoire, car la douleur est traditionnellement définie comme une expérience subjective. Cependant, des pathologies comme l’algodystrophie ou les douleurs neuropathiques mettent en évidence des marqueurs biologiques et neurochimiques mesurables, même si la personne ne verbalise pas sa souffrance.
Limites de la réalité objective
La science médicale peut parfois rejeter des douleurs qualifiées de “psychosomatiques” ou non visibles dans des examens cliniques. Ces douleurs, bien qu’objectivement difficiles à prouver, sont bien réelles pour la personne concernée.
La réalité subjective : ce qui est perçu et vécu personnellement
Définition et exemples
La réalité subjective inclut nos émotions, pensées et perceptions uniques. Elle est modelée par notre cerveau et nos expériences de vie.
Exemple : douleurs fantômes
Après une amputation, une personne peut ressentir une douleur intense dans un membre absent. Objectivement, ce membre n’existe plus, mais subjectivement, la douleur est réelle, construite par l’interprétation du cerveau.
Douleurs non ressenties dans ce cadre
Les douleurs non ressenties dans la subjectivité peuvent correspondre à des blessures psychologiques ou des traumatismes enfouis, qui s’expriment sous des formes comme l’anxiété, la dépression ou des troubles somatiques. Ces douleurs demeurent dans l’inconscient jusqu’à ce qu’un événement ou une prise de conscience les révèlent.
La réalité intersubjective : l’espace des récits partagés
Définition
La réalité intersubjective est façonnée par des croyances, normes et récits collectifs. Les concepts comme l’argent, les lois, ou encore les nations sont des réalités intersubjectives : ils n’existent que parce que nous y adhérons collectivement.
Douleurs et récits sociaux
Les douleurs, notamment celles liées à des pathologies invisibles (algodystrophie, fibromyalgie, douleurs psychosomatiques), trouvent souvent leur reconnaissance dans l’espace intersubjectif. Par exemple, grâce aux témoignages et récits individuels, des mouvements sociaux ont permis la reconnaissance de certaines pathologies autrefois ignorées par la médecine.
Les douleurs non ressenties : un oxymore entre objectivité et subjectivité
Prenons le cas d’une personne souffrant d’algodystrophie. Objectivement, des marqueurs neurochimiques confirment un désordre, mais la douleur reste invisible à un premier diagnostic. Subjectivement, la personne ressent une souffrance intense, souvent incomprise. C’est à travers un récit partagé (par exemple, un groupe de soutien ou un accompagnement thérapeutique) que cette douleur acquiert une reconnaissance sociale et une existence dans la réalité intersubjective.
Douleurs psychiques et rejet médical
Certaines douleurs psychiques, qualifiées à tort de “problèmes psychosomatiques”, sont reléguées par les médecins faute de preuves objectives. Pourtant, elles traduisent souvent des traumatismes profonds ou des déséquilibres émotionnels. Ces douleurs, bien que difficiles à quantifier, nécessitent une prise en charge spécifique, combinant écoute et validation.
Le rôle clé des récits dans les trois réalités
Les récits agissent comme des ponts entre ces trois niveaux :
• Dans la réalité subjective, ils donnent un sens aux expériences personnelles.
• Dans la réalité objective, ils légitiment ce qui peut être mesuré ou prouvé.
• Dans la réalité intersubjective, ils créent un consensus social autour de ce qui mérite attention.
Sensibilisation aux douleurs chroniques
Les douleurs chroniques, comme celles liées à la fibromyalgie, ont gagné en reconnaissance grâce à des récits individuels devenus collectifs. Campagnes de sensibilisation, témoignages dans les médias et études médicales ont façonné une prise de conscience collective, modifiant la perception de ces douleurs au sein de la société.
Vers une approche intégrée des douleurs non ressenties
Les douleurs non ressenties nous invitent à dépasser une vision strictement objective de la réalité, en intégrant les dimensions subjective et intersubjective. Cela implique de reconnaître que ce qui n’est pas immédiatement visible peut être profondément réel, et que les récits jouent un rôle crucial dans la légitimation de ces expériences complexes.
Valérie Grumelin vous accueille dans son cabinet à Paris, ou en consultation à distance, pour explorer ces réalités multiples et leurs impacts sur votre vie. Prenez rendez-vous pour un accompagnement adapté.